Lettres de Sâvadim et Telakara.
Lan Miwu – enquêteur de la Théocratie de Lên – Sâvadim –

Je tenais tout d’abord à vous signifier mes excuses concernant l’accueil qui vous a été réservé hier soir dans nos appartement mais vous conviendrez que cela était une habile et surprenante intervention de votre part. Vous avez fait justement remarqué que j’ai indiqué à mes compagnons succinctement ce que je vous avait révélé. Vous avez également retenu que je parlais à haute et intelligible voix afin que vous puissiez entendre la conversation même si je suis persuadé que votre éducation vous a empêché de retenir une discussion sans y être invité.
Ceci étant, votre départ soudain d’Ator Grida m’avait quelque peu désappointé. Je me suis empressé de m’enquérir de votre situation auprès du Shâ Abad Morthos lui-même. Vous sembliez avoir à faire à Telakara, une affaire sans doute plus urgente que celle qui nous occupe aujourd’hui. Je ne vous cacherais pas que je me suis inquiété pour votre personne car je crains que les protagonistes de l’Histoire qui anime la Canédie soient des personnalités très puissantes qui ne craignent guère le papier cacheté. Cependant, ces derniers que vous nous apportez nous rappelle que nous ne réussissons pas à faire les choses comme elles devraient l’être dans un monde réfléchi et chevaleresque. Ici aussi, une ou deux enveloppes viendront malheureusement se rajouter. Je vous demande donc de continuer à nous suivre et à nous rappeler que nous avons des responsabilités en ces mondes et qu’il ne faut jamais oublier que des gens peuvent souffrir de nos actions alors que nos desseins sont nobles et partagés par nombre de grands de ce monde. En ce sens, je vais vous aider à nous aider, à éviter ces fautes inexcusables qui nous affligent tous.
Il m’a été rapporté que le Grand Fethrath en personne s’est rendu en personne dans cette ville de Savâdim pour affaire diplomatique. Ce dernier est reparti hier avec sa délégation. Je crains donc que nous l’ayons manqué tous deux. J’espère obtenir une audience lors d’un futur passage en territoire Théocrate. Appréciant votre fonction et votre zèle, que vous employez à rendre compte et à la résolution de cette enquête, je vais m’efforcer de m’adresser à vous comme si je m’adressais au Grand Fethrath en personne.
Pour ma part et après votre départ d’Ator Grida, j’ai retracé la piste initiée par vos soins experts qui remontait jusqu’à un repaire des agents du Mrat Séculan dans les sous terrains de la ville. Malheureusement la fière et solide compagnie qu’il vous a été donné de rencontrer hier soir n’était pas présente et je n’ai pu qu’essayé de les éliminer. Un de leur chef était présent, un humanoïde de petite taille, vêtu d’une toge violette richement décorée à la voix d’outre tombe à la force et au ton qui ne laissait aucun doute sur son statut. D’après nos renseignements, cela pourrait même être un certain Adoss ou plus probablement Miloss. Une occasion en or de leur porter un coup fatal. Bien mal m’en a pris car la sentence est tombée sous la forme d’un Trigule, un être trans-planaire qui a abattu son katana caractéristique rouge et or dans mon frêle dos qui ne mérite pas un tel fardeau (le sigle de la confrérie est rajouté). Laissé pour mort et terriblement empoisonné, l’esprit divagant, j’ai été recueilli et soigné au palais du Shâ. Par chance, j’ai récupéré mes esprits. Trop de temps s’était écoulé et je devait profiter de ma petite mort pour un éphémère anonymat, car vous savez déjà qui se tient devant vous sous mes nouveaux atours. J’ai même du troqué mes anciennes couleurs pour de nouvelles, bien plus dans la mouvance et les tendances venues de l’est. Sans encore grande conviction, je crains que de vielles rancœurs viennent alimenter et catalyser l’histoire qui s’écrit en Canédie, et ce, parallèlement à ce qu’il se passe à Ator Grida. J’ai dans l’idée qu’un jour je puisse faire la visite de votre territoire théocrate, libre de tout mouvement, arborant des couleurs plus locales inspirées par une population éclairée. Peut-être qu’en ces lieux me sera-t-il donné de recroiser l’ex-ministre Urfan Dégara, qui devait selon ces propres dires retourner à Astharath pour assumer ces choix devant son seigneur et maître.

Il m’a été donné de savoir qu’un complot était ourdis depuis plusieurs années ici au royaume de Dor pour éteindre le roi-sultan. Ce dernier a bien failli être découvert il y a de cela quelques années, mais les personnes qui savaient ont été réduites au silence. Je sais également de source sûre qu’une épée possédée par un démon a été offerte au sultan. Il semblerait que depuis, le sultan laisse le pouvoir au prince ainsi qu’au Shâ, mais surtout à son grand vizir qui gère les affaires courantes au palais. La vraie gestion du royaume reviendrait au second vizir de l’époque qui serait devenu le premier mais nous devons vérifier. Cette épée aurait été dérobée à Télakara et je suis persuadé qu’une de vos lettre cachetée concerne cette substitution. Si ce n’est pas le cas, un plis devrait peut-être être rajouté. En ce sens, nous nous rendons à Kopa Lachaz pour enquêter et accomplir une mission donnée par l’empereur du Rexcan, transmettre ses amitiés au Sultan. Pour réussir, il est de notre devoir de rendre au Sultan son libre arbitre, sa liberté vis à vis de son geôlier démoniaque. Il est certain qu’il nous faudra débusquer un dangereux ennemi tentaculaire tapis dans l’ombre et profondément ancré depuis de nombreuses années. Ce faisant, l’Empereur du Rexcan apprécierait de connaître les décisions de son ami concernant l’avenir de nos peuples. A minima, que ce dernier assume le soutien logistique à l’invasion Taure en déclarant officiellement la guerre. Idéalement, réaffirmer une alliance afin d’œuvrer de concert avec la Théocratie, l’Empire Sohong et tout autre peuple afin de repousser l’envahisseur Taure.
En toute honnêteté, je ne pense pas que cette mission aboutisse sans votre aide. Nous sommes bien intentionnés mais maladroits, nous sommes à la fois puissant mais faibles devant nos pulsions et décisions parfois désastreuses. Nos ennemis sont biens implantés, connaissent les règles et sauront utiliser toutes les armes y compris juridiques pour nous faire taire et nous éliminer de l’échiquier.

Je tiens également par la présente à affirmer que tout élément que l’on pourrait reprocher au groupe dont je fais parti n’est à imputer qu’à ce même groupe et pas à l’empire du Rexcan ou même à l’Empereur Le Maul Archefer. Nous sommes un groupe qui s’est engagé vis à vis du Rexcan bien évidement et c’est une réalité. En ce sens, nous sommes mandatés pour œuvrer à la création d’une alliance des peuples de Canédie contre l’envahisseur. J’en veux pour exemple que le Rexcan ne doit pas être tenu comme responsable de l’incendie des bateaux théocrates dans le port de Shaï, c’était bien un mal qui paru nécessaire aux yeux de ce groupe afin de ralentir la progression du ministre et en aucun cas une volonté de déstabilisation fomentée par le Rexcan.
Dorénavant, notre groupe, la jonquille, est bien trop exposée et visible pour penser qu’elle puisse se présenter à la fois comme le fer de lance de la diplomatie Rexcannaise dans cette région aussi sensible soit-elle et en même temps être des agents infiltrés pour tenter de déstabiliser grossièrement la région. Il est évident que les troubles qui nous accompagnent et qui nous suivent ne peuvent être attisés que par des tiers qui ont grand intérêt à le faire. Veuillez excuser cette dernière ligne car je suis certain que vous étiez arriver à cette conclusion évidente avant même notre première rencontre.
Pour l’heure, je comprends que vous ne puissiez nous accompagner dans notre périples. Je suis conscient que nous sommes une compagnie peu fréquentable au regard de votre statut officiel d’enquêteur.
Il est de mon devoir de vous informer d’une terrible nouvelle. Le vénérable de Triges a été assassiné. Les premiers éléments indiquent que le coupable serait un paladin corrompu par un prince démon. Si cela peut vous être d’un quelconque réconfort, je peux vous garantir que la traque est en cours, juste et implacable.
Je souhaiterais, si cela est possible que lors de notre prochaine rencontre, la courtoisie dont vous êtes un maître inspirant soit encore une fois de mise. Ainsi, je préférerais que les fers soient réservés à nos ennemis communs. De plus, si votre habileté vous permet d’avoir autorité pour nous éclairer sur le suivi de votre enquête je suis certain que cette future rencontre sera mutuellement profitable.
Quoi qu’il en soit, et malgré une situation très inconfortable, je me rends à votre disposition et vous assure de mes pensées les plus amicales.
« Je vis le pari de ne pas avoir le choix, je choisi de parier sur la Vie »
Muhariz Baansuree abn Asfar Nargis
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ESTER ANTREFOSSE – Telakara

Comme il est étrange de laisser un mot à votre endroit sans même savoir si il vous atteindra. Je me présente, Shézir Dahrimen, et j’ai essayé de vous tuer, définitivement. Vous êtes Ester Antrefosse et vous avez essayé de me tué, définitivement.
Si tant est qu’une note légère ressorte de ces quelques mots, je crois que ni vous ni moi ne savons réellement pour quelle raison.
J’ai certainement voulu vous tuer par peur sans doute. Peur de l’état que vous représentez, cette peur est légitime vous en conviendrez. Cependant, il m’a été donné de déceler en vous des capacités totalement insolites et je vous plain. Certains concluraient que vous êtes un monstre parmi les monstres mais je préfère vous estimer comme une évolution qui a su échappé à son destin, sans doute solitaire et chassée, tout comme votre frère.
Pour ces raisons, je prends un risque énorme à reprendre contact sur un ton apaisé.
Il est possible que ces quelques mots ne vous atteignent pas ou plus, pourtant je vous le demande, savourez ce moment où l’on fait réellement attention à vous, à votre personne, sans plus de jugement, simplement.
Je ne doute pas que ce plis finira au feu, au son de « si je le recroise, il traversera le voile ! », mais l’histoire retiendra qu’au moins quelqu’un aura essayé de vous entendre.
J’ai la faiblesse de croire à une rencontre apaisée et je gage que le dernier murmure qu’il me sera donné d’entendre ne sera pas issu de votre bouche.
Shézir Dahrimen


